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rédalga

Un silence pesa dans ce vestibule, si long que le bruit grignotant de la pluie reprit sa place dehors.

Harlingues tenait toujours la rampe, mais il ne la secouait plus. Il s’y appuya pour demander presque bas :

— Et comment avait-elle passé sa journée ?

Ce fut encore Léontine qui parla.

— Monsieur, je crois qu’elle s’était recouchée monsieur parti. Vers midi, elle a sonné. Elle était dans son lit. Elle m’a fait comprendre qu’elle voulait déjeuner en haut. Pendant que je me préparais en bas, je l’ai entendue prendre son bain. Elle a mangé en peignoir. À deux heures, elle est sortie tout habillée, sous son parapluie, pour porter ses restants à Flic.

— Quel air avait-elle ?

— Très gai, monsieur ! Elle en a dit de toutes sortes au chien, et je la voyais, de ma cuisine, lui faire des farces avec les petits bouts de viande et les os.

— Ensuite ?

— Ensuite, la dépêche est donc arrivée. Je suis allée lui porter devant la niche. Elle l’a lue, et elle l’a mise dans la poche de son chandail.

— Est-ce qu’elle avait l’air fâchée ?…

— Pas du tout, monsieur. Elle m’a dit : « Monsieur pas rentrer diner. » Et elle a continué à s’occuper du chien, même que je lui ai dit qu’elle allait prendre froid.

— Ensuite ?

— Ensuite, elle est revenue à la maison. J’ai compris qu’elle me demandait du feu dans le salon. Je lui en ai fait. Elle a pris des cigarettes et son livre qu’elle lit toujours.

— Bon. Et puis ?

— Et puis, moi, je ne sais pas. J’étais dans ma cuisine et elle au salon. À quatre heures et demie, elle a sonné.

— C’est vrai ! Son goûter ! Je n’avais rien laissé pour elle !…