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moins qu’elle ne chahute tout le mobilier. Moi, je veux bien. Nous aurons une femme de ménage, naturellement. Il faudra que je gagne un peu mieux ma vie — notre vie.

Il faillit arriver en retard au Continental. Alvaro l’accueillit dans le hall.

— Allo, cher, bonjour !… Lady Mary va bien ? Nous allons retrouver l’abbé Moutiers au Foyot où nous déjeunons. Ça te va ?

Dans la voiture, il expliqua :

— Tu sais, j’ai des amis dans tous les mondes. Du reste, nous autres Portugais, nous sommes très bons catholiques. Figure-toi que j’ai découvert l’abbé Moutiers hier chez Mgr de Cavaillac. On nous présente. Le hasard des conversations… Il cherchait désespérément un sculpteur, cher ! Est-ce que ce n’est pas curieux ? C’est pour un énorme calvaire dans son village, en Seine-et-Oise, avec tous les personnages de la Passion au pied de la croix. Il va te raconter tout ça. J’ai arrangé ce déjeuner en deux secondes, et je t’ai télégraphié dès que j’ai pu. Nous irons tantôt au village avec la voiture. Tu auras le temps, avant la nuit, de voir l’emplacement. Car c’est une chose faite, tu sais ?… Nous dinons ce soir, ici à Paris, tout à fait entre nous, chez le marquis de Fontagnes, Je lui ai téléphoné. Je le connais très bien. C’est lui le bailleur de fonds de l’abbé. Je te ferai reconduire cette nuit par mon chauffeur. Nous…

— Mais, Alvaro, j’avais dit à Bellevue que je rentrais pour le diner !

— Cher, ce n’est pas difficile. Nous nous arrêterons à la poste de la rue des Saints-Pères, et tu mets une dépêche pour lady Mary.

— Ah ? Ah ! bon… Mais, j’y pense. C’est toi qui la rédigeras, la dépêche. Il faut qu’elle soit en anglais, sans ça…

Alvaro retroussa ses lèvres amusées.