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rédalga

Comment abréger ça ? Je vais chercher travail. Bon. Work, work for priest. Où est la dépêche ? « Viens déjeuner seul avec moi et prêtre disposé à commander monument. Pourrait être magnifique affaire. Amitiés. » Tu comprends ? Lunch avec un prêtre. Il ne faut pas de femme. No woman for priest. Alors moi aller sans toi. Go sans you… Voyons sans. P… Q… R… S… sans… sans… J’y suis : Without. I go without you. Tu y es ?

Without me ? fit Rédalga tristement.

— Mais, écoute, chérie ! C’est pour l’avenir. Bonne chose pour nous. Good thing for us. Car ! Tiens. Je peux bien te le dire, à la fin. Je veux. Attends ! J’ai ça dans ma méthode… Je veux. C’est ça. ''I want, t’épouser. Ça, je sais le dire. Tu fais bien attention, mon aimée ? C’est si grave. I want to marry you !

Cette brusque annonce, après un marécage de phrases auxquelles elle ne comprenait pas grand’chose, parut descendre comme la foudre sur les épaules de Mary Backeray. Harlingues, effrayé, la vit devenir si pâle qu’il crut qu’elle allait tomber évanouie.

Marry me ? répéta-t-elle faiblement.

Puis, les mains jointes, dans une exaltation qui ne ressemblait en rien à son flegme ordinaire :

— Oh ! Jioude !… Jioude !.…

Les lèvres entr’ouvertes, elle le regarda pendant un instant. Son expression était magnifique. Il fit un mouvement pour se mettre à genoux devant elle. Elle ne lui en laissa pas le temps. Levée, ce fut elle qui se précipita vers lui, pour lui saisir la tête et couvrir son visage de baisers. Il ferma les yeux en s’appuyant contre elle. Il se retenait de pleurer comme un enfant.

— Vous voulez marier moi ?… reprit-elle sur le ton de quelqu’un qui ne peut pas y croire.

— Oui, chérie, adorée ! Marier toi. Je t’aime.