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rédalga

Elle savait. L’étoffe rapportée de Paris étala ses blancheurs sur l’herbe. Rédalga se faisait une chemisette,

Une période de simple bonheur venait de s’ouvrir après tant de complications et de ténèbres.

La joie de travailler pendant que la compagne coud, seul, peut-être, un artiste pourrait la dire.

Entre les coups et les crissements de ses durs outils sur le marbre, Harlingues entendait, tout près de lui, le bruit régulier de l’aiguille, et cette toute petite manifestation de la présence féminine l’exaltait jusqu’aux larmes.

La vie, alors, lui paraissait rassurante, solidement établie, pour toujours équilibrée entre la rudesse de son labeur de statuaire et la finesse menue des coutures de Mary Backeray.

L’énergie avec laquelle elle continuait à réagir, tout ce qu’elle inventait pour s’occuper, pour aider à sa guérison, il ne cessait pas de s’en émerveiller.

Le mois de septembre s’annonçait dans le goût de l’air, le rembrunissement de la verdure, le raccourcissement commencé des jours. La fin de l’été déjà ! Depuis ses dernières incartades, pas une fois Rédalga n’avait failli. Sans oser le croire encore, Harlingues se disait qu’il ne fallait plus beaucoup de temps, à présent, pour qu’elle eût complètement oublié ses mauvaises habitudes.

Cependant, une fois encore, il refusa d’aller diner avec Alvaro qui l’en priait par un mot.

« Viens plutôt, toi… », répondit-il.

Et ce petit dîner intime eut lieu juste comme le mois d’août se terminait.