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rédalga

Excessivement fier, il la regarda lire son papier. Il lui semblait qu’une petite lueur commençait à filtrer dans leur épaisse obscurité.

— Ah ! !… s’écria-t-elle après avoir lu.

Dans ce ah ! passait un sentiment de délivrance identique à celui qu’il éprouvait lui-même.

Quel jeu passionnant il avait découvert pour passer un jour de pluie !

Ils n’étaient pas parvenus, en plusieurs heures, à traduire le poème. Après l’avoir copié de mémoire, elle laissa travailler Jude. Il n’en tira que quelques mots, avec bien de la peine :

Tu ne sauras pas combien je l’aime, toi, grand…

…Je suis plus muette pour toi que cette face de terre, doucement et rudement dans tes mains…

Plus soumise que l’argile…

…Ta mère m’a parlé…

Il écrivit à son tour, le sang à la tête à force de s’absorber dans ce dictionnaire :

Alvaro could translate it for me. (Alvaro pourrait me le traduire.)

Elle répondit sur le papier, après un labeur encore plus long :

« Ça ne le regarde pas. »

Il aurait voulu répondre à son tour : « Alors pourquoi l’avoir dit devant Rodrigo ? »

Mais sa tête éclatait. Il ne pouvait plus continuer leur conversation d’infirmes.

Presque tout le papier à lettres du secrétaire y avait passé. « C’est une ardoise qu’il nous faudrait !… », se dit-il.

Il s’était levé. Soigneusement, il mit dans sa poche la