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teilles. Le sculpteur prenait patience. Sa terreur était qu’au dernier moment elle refusât cette villégiature. Il s’était fait écrire par Alvaro, sur un bout de papier, les deux ou trois phrases nécessaires pour expliquer à peu près leur séjour à Bellevue. De la sorte, il avait pu lui faire comprendre qu’elle devait préparer sa malle et régler son hôtel parce qu’ils allaient tous deux passer l’été dans un beau jardin près de Paris. Le reste demeurait pour elle dans le vague des rêves.

L’état de demi-ivresse dans lequel elle vivait toujours devait l’aider dans son acceptation passive de n’importe quel changement. Elle ne parut même pas étonnée quand elle apprit ces nouveautés,

L’auto que leur prêtait Alvaro pour faire leur petit voyage monta la grande côte de Bellevue vers six heures du soir, juste comme le mois d’août commençait glorieusement.

Une vieille valise, encore bariolée d’étiquettes variées, c’était le baluchon de Rédalga. Harlingues emportait une malle toute neuve, achetée pour la circonstance. Il s’était également muni d’une caisse de vin de Porto, et de cinq ou six boîtes de biscuits.

Son système de l’atelier continuerait à la campagne. Il savait que le principe de la désintoxication est de diminuer chaque jour la dose, mais non de cesser brusquement le poison. Il y avait aussi, dans sa malle, un nombre respectable de paquets de cigarettes.

La somme représentée par ces achats l’effrayait… Mais, pendant deux ou trois mois, il n’aurait rien à dépenser, songeait-il, et l’équilibre serait rétabli.

Quand la voiture tourna pour entrer par la grille du petit