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DISCOURS PRÉLIMINAIRE.


Les recherches les plus exactes et les plus scrupuleuses n’ont pu jusqu’ici nous faire découvrir d’autre Astronomie que celle des Grecs. Partout nous retrouvons les idées d’Hipparque et de Ptolémée ; leur Astronomie est celle des Arabes, des Persans, des Tartares, des Indiens, des Chinois, et celle des Européens jusqu’à Copernic.

Partout nous voyons la Terre immobile au centre du Monde et de tous les mouvemens planétaires. À force de suppositions invraisemblables, on est parvenu, dans ce système, à sauver à peu près les apparences. On sait calculer à quelques degrés près tous les phénomènes, sans que l’erreur évidente des résultats inspire encore la moindre méfiance sur l’idée fondamentale.

Alphonse regrette de n’avoir pas été appelé au conseil quand Dieu créa le Monde ; il aurait donné de bons avis sur le plan qu’il eût fallu suivre ; mais il ne doute en aucune manière de la vérité du système, car il s’y conforme dans ses tables.

Plus anciennement on nous dit que quelques philosophes ont placé le feu au centre du monde ; qu’ils ont fait tourner la Terre autour du Soleil en un an, et autour d’elle-même en vingt-quatre heures. D’autres philosophes moins hardis ont laissé au Soleil le mouvement annuel, et se sont bornés à donner à la Terre un mouvement de rotation. Mais il est à remarquer que ces idées ne sont consignées dans aucun livre d’Astronomie, ni dans l’ouvrage d’aucun Géomètre. Ptolémée en fait à peine une légère mention ; il convient en passant que le mouvement de la Terre autour de son axe faciliterait quelques explications, mais tout le reste lui paraît trop absurde pour mériter d’être sérieusement combattu. Archimède nous dit qu’Aristarque a rejeté l’opinion des astrologues, et qu’il fait tourner la Terre autour du Soleil, dans un cercle dont le rayon est égal à celui que l’on donne ordinairement à la sphère du monde. Quant aux planètes, il n’en fait pas la moindre mention ; et s’il adopte hypothétiquement l’idée d’Aristarque, c’est pour nous dire que la grandeur exagérée que cette opinion donne à la sphère des fixes, ne l’empêchera pas d’exprimer, par ses chiffres, le nombre des grains de sable qui rempliraient la concavité de cette sphère immense. Archimède témoigne assez qu’il n’est pas séduit par les assertions d’Aristarque, et quand il construit