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RÉFORMATION DU CALENDRIER. 3 célébration de la Pàque ne se trouvait que dans une lettre que les pères avaient adressée à l'église d'Alexandrie. Cette lettre même n'existe plus, on n'en connaît les dispositions que d'après le témoignage de quelques auteurs qui en rapportent l'esprit sans eu citer les propres expressions. Suivant' ces auteurs, la Lune pascale était celle dont le 14* jour coïncidait avec l'équinoxe du printems, ou bien le suivait de plus près; et le jour de Pâques était le premier dimanche après le 14 de la Lune pascale. On continua donc de se régler sur le 21 mars; mais l'équinoxe s'en était éloigné ; il était arrivé au 1 1 mars ; il aurait parcouru successivement février, janvier et tous les mois de l'année; Pâques, au lieu de suivre de près l'équinoxe du printems, aurait passé par l'un et l'autre solstice : pour l'exécution de la règle, il fallut ramener l'équinoxe au 21 et l'y maintenir en tous tems. Le problème était assez compliqué; on y ajouta des conditions très inutiles, pour ne rien dire de plus; on ne voulait pas risquer de se ren- contrer avec les Juifs, qui se réglaient sur le 14 e de la Lune; on ne craignait pas moins de se rencontrer avec des hérétiques qu'on avait nommés Qualordecimans, parce qu'ils célébraient la Pâque le 14. On ne voulait employer que les mouvemens moyens, on ne voulait pas recourir aux Tables astronomiques ; on fonda le système sur la révolution syno- dique moyenne de la Lune et la période de 19 ans; mais celte période est inexacte, elle exigeaitdes équations, et l'on ne voulait que des nombres entiers et assez pelils pour être retenus facilement; par toutes ces consi- dérations, on fut obligé de se relâcher souvent de la précision à laquelle il était possible d'atteindre. Notre intention n'est pas de prolonger la critique d'un Calendrier adopté presque universellement dans l'Europe et dans ses colonies ; nous voulons en donner une idée suffisante pour la pratique. Il offre des problèmes usuels que nous renfermerons dans des formules qui dispenseront des Tables qu'on a souvent reproduites, et qui n'en sont pas moins ignorées du plus grand nombre, ou qu'on a rarement sous la main à l'instant où l'on voudrait s'en servir. Pâques doit être un dimanche, il doit suivre l'équinoxe et le 14 e de la Lune moyenne; on voit donc qu'il a fallu concilier trois périodes incommensurables, l'année tropique, le mois lunaire el la semaine ou la période de sept jours. Celle dernière période n'a aucun rapport avec les mouvemens célestes, et c'est à cet isolément qu'elle doit son inaltérable uniformité.