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684 ASTRONOMIE MODERNE, de son lecteur. Son premier livre n’esl qu’un factwn contre Galilée; on n’y trouve en sa faveur aucune preuve autre que celles qui peuvent ré- sulter de ses premières lettres. Dans le second livre, il traite des difficultés qu’offre l’observation des taches. La première vient de l’éclat du Soleil; et il raconte que le pre- mier inventeur de la lunette, par l’usage indiscret qu’il avait fait de son instrument, avait fini par devenir aveugle; tel fut aussi le sort de Galilée, mais ce malheur ne lui était pas encore arrivé : il ne perdit la vue que quelques années plus tard. Scheiner ne nous dit pas le nom de cet inventeur. Nous avons vu dans les ouvrages de Melius, que son père s’était fait une lunette avec laquelle il se faisait un plaisir de regarder le ciel et de le montrer aux curieux-, il ne rapporte de lui aucune obser- vation, aucune découverte, et ne dit pas qu’il soit devenu aveugle. Celle anecdote paraît glissée à dessein d’ôler à Galilée l’invention de la lunette ; et dans le fait, si le récit de Melius est vrai, Galilée ne fut pas le premier mathématicien qui se fit une lunette; il ne fut pas long-tems le seul, car voilà Scheiner q.ui en possède une assez tôt pour disputer la décou- verte des taches. Simon Marius dispute de même la découverte des satellites; il avait éprouvé quelque difficulté à se procurer une lunelle balave; elles étaient rares en Allemagne, elles l’étaient moins sans doute en Hollande, et aucun de ceux qui les construisirent n’eut d’obligation à Galilée qui n’a rien écrit. Le moyen des pilotes hollandais pour observer le Soleil sans danger, n’était ici d’aucun usage; il fallait recevoir l’image sur un carton pour la dessiner exactement. Galilée en avait indiqué le moyen; Scheiner le décrit avec plus de détail. Nous tâcherons de fixer l’époque précise où il en fut en pleine possession. Sa lunette est placée sur un support qu’on incline selon la hauteur du Soleil et qui porte un carton perpendiculaire à^l’axe optique. L’objeclif de la lunette est bi-convexe et l’oculaire bi-concave ; une espèce d’as- Irolabe donne l’heure par la hauteur du Soleil. Les observations les plus sûres se feraient à midi, parce que la hauteur du Soleil varie peu ; mais le Soleil est quelquefois si haut, qu’on éprouve de la difficulté à l’ob- server dans la chambre; en plein air on distingue moins bien les taches; il convient même d’obscurcir la chambre. Trop près de l’horizon le Soleil serait elliptique, il faut suivre le mouvement diurne. Il est utile que le carton qui reçoit l’image puisse se mouvoir autour de son propre centre; un fil-à-plomb, par son ombre, indiquera le vertical du Soleil,