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GALILÉE. 6u3 Le 3o décembre iGjo, il écrivait au P. Benedclto Castelli; il lui faisait part de ses observations des phases de Vénus; il n’ose pas assurer qu’il puisse observer celles de Mars, mais s’il ne se trompe, il croit déjà voir qu’il n’est pas parfaitement rond. C’est, en effet, à peu près tout ce qu’on peut voir, vu la petitesse de la parallaxe annuelle. Pour Vénus, il en voit les cornes aussi bien que celles de la Lune, et Vénus est aussi grande que la Lune paraît à l’œil nu. Pour Saturne, il dit que le globe du milieu est grand comme trois fois l’un des deux autres. Dans une autre lettre , datée de sa prison d’Arcetri, le 20 février 1637, il rend compte de ses observations sur la titubalion (libralion de la Lune). 11 donne cette nouvelle découverte comme très importante, quoiqu’il n’ait pu en déduire encore que très peu de conséquences; il a toujours pensé qu’il y avait de grandes ressemblances entre la Terre et la Lune; la Lune doit voir nos grandes mers comme des taches considérables à la surface de la Terre; la Lune a, comme la Terre, ses plaines, ses montagnes et ses vallées. Le centre des mouvemens de la Lune est très voisin de la Terre, au lieu que le centre des mouvemens des autres planètes est loin d’elle et très près du Soleil. Il s’était proposé, depuis long-tems, d’examiner si la Lune tourne toujours la même face à la Terre, et si la ligne qui joint les deux centres passe invariablement par le même point du globe lunaire, ce qui exclurait toute titillation. Admettons d’abord cette hypothèse, nous dit Galilée , pour voir quelles en seraient les conséquences. Il s’ensuivrait qu’un œil placé au centre de la Terre verrait toujours la même face; les rayons qui parviendraient de la Lune à l’œil formeraient un cône dont la base serait un cercle de la Lune, auquel on pourrait donner le nom d’horizon, puisqu’il sépare- rait invariablement la partie visible de la partie invisible. Si la distance restait la même , jamais on ne verrait de changement dans le disque lu- naire, on verrait toujours les mêmes taches, on les verrait toujours à la même place; mais si la distance venait à diminuer, cet horizon se resser- rerait, les taches très voisines du bord viendraient à disparaître; ce serait le contraire si la distance devenait plus grande, l’horizon s’agrandirait, on apercevrait une zone auparavant invisible. Voilà toutes les variétés qui pourraient avoir lieu. Mais si l’œil est hors du centre et en un point de la surface de la Terre, on verra d’autres changemens; car si un œil était dans le plan d’un cercle passant par la ligne des centres, un autre œil r