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KEPLER. 611

vola de l’occident à l’orient, et fut vu dans toute l’Allemagne. En Autriche, on entendit un bruit semblable à celui du tonnerre; mais Kepler ne croit pas à cette dernière circonstance, dont il n’est fait aucune mention dans les descriptions qui ont été données. Ces Ephémérides ayant été publiées après coup, c’est-à-dire en i65o, il a pu y joindre les observations des phénomènes qu’elles étaient destinées à annoncer. Il y joint encore les observations météorologiques; enfin, en i525, il parle de la comète observée en janvier.

L’année 1624 offre des remarques plus importantes. La seconde éclipse de Lune semblerait prouver que l’équation du tems, à la manière de Plolémée, est la meilleure; mais Képler croit que c’est un hazard, ou l’effet fortuit de plusieurs causes combinées. Mais ce qu’il y a de plus singulier, c’est que dans cette même éclipse (26 sept. 1624), l’éclipsé totale avait paru courte et la durée entière s’écartait encore plus du calcul. Tycho avait fait une remarque pareille en i588, dans une éclipse totale et presque centrale. Il faut, dit Képler, rechercher les causes physiques ou optiques qui peuvent déformer l’ombre de la Terre, de manière que le diamètre qui va d’un pôle à l’autre soit plus long que le diamètre équatorial. C’est à ce sujet qu’il cite Joseph Acosta, qui rapporte qu’à l’équateur, les crépuscules ne durent qu’un quart-d’heure (Lacaille a observé le contraire) ; il ne sait trop comment expliquer le fait; il observe seulement, que pendant toute la durée de l’éclipsé totale, la Lune était singulièrement rouge, sur-tout vers les parties du disque qui étaient plus voisines des bords de l’ombre. Cette rougeur était d’un tel éclat, que quand les trois quarts du disque furent sortis de l’ombre, le quart qui y était encore plongé, se distinguait par là très exactement de la partie directement éclairée.

Il ne croit pas qu’il y ait d’erreur sur le mouvement horaire, ni sur la latitude qui était fort petite. Si l’on soupçonne une erreur dans le lieu du nœud, il faudrait que cette erreur fut de 4°- L’ombre ne fut donc pas formée cette fois par des rayons bien droits ; il leur est arrivé une réfraction qui les a rapprochés de l’axe du cône. Si l’on nie cette réfraction, il faudra donc que la figure de la Terre soit alongée vers les pôles; ainsi, la zone torride sera inondée et les parties polaires seront à sec. L’air n’a rien fait ici, quoiqu’il soit peu dense et peu élevé dans la zone torride, plus dense et plus élevé dans les zones glaciales. Képler dit, en parenthèse , qu’on pourrait soutenir le contraire. Ce n’est pas celle hauteur de l’atmosphère qui nous donne la mesure de la parai-