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KÉPLER. 597 celle même dislance? L’objection était embarrassante. Ke’pler répond que celte diminution n’affaiblit la vertu motrice que dans le sens de la longitude, parce que le mouvement local que le Soleil communique aux planètes ne se fait qu’en longitude et non en latitude, ou "vers les pôles des planètes, par rapport auquel le Soleil est immobile. Tycho enseignait les orbes des cinq planètes retenues par un point commun peu éloigné du centre de chaque orbe, et que ce nœud com- mun tournait annuellement avec le Soleil , dans un petit cercle qui portait ainsi tous ces orbes. Copernic laissait le centre immobile; il plaçait le centre immobile du Soleil à peu de distance du centre commun, et il donnait à la Terre le mouvement apparent du Soleil. Képler prouve que le centre commun n’est pas dans le voisinage du Soleil, mais dans le Soleil même; ainsi il est le premier qui ait fait tourner les planètes autour d’un centre réel et physique. Newton fait tout tourner autour du centre commun de gravité de tout le système. La différence n’est pas grande, puisque ce centre est dans le Soleil même. Képler prouve son assertion par le mouvement des planètes, dont tous les rayons vecteurs ont leur origine au Soleil; par le grand axe des orbites, qui passe par le centre du Soleil; par le mouvement en latitude, où l’on remarque que l’intersection des plans, ou les lignes des nœuds, passent toutes par le Soleil. La raison qui a porté Copernic et Tycho à mettre le centre hors du Soleil, n’est ni suffisante, ni assez astronomique; ils n’y ont été con- duits qu’en voulant se traîner sur les pas de Plolémée; mais rien ne les forçjil à le suivre et à tout rapporter au mouvement circulaire. Datis le système de Tycho, la distance de Mars étant 1 - fois celle du Soleil, il arrivera que Mars occupera quelquefois un point où le Soleil se sera trouvé quelque tems auparavant ; il est peu naturel de supposer que deux orbites primaires puissent s’entrecouper ainsi; il est bien plus naturel de faire circuler les planètes autour ë’ttn corps beaucoup plus gros, tel que le Soleil; nous voyons que la Lune est plus petite que la Terre, et les satellites de Jupiter moindres que leur planète principale. Enfin , une preuve remarquable, c’est le rapport des révolutions et des distances, rapport qui est mutilé dans le système de Tycho, et tout- à-fail détruit dans celui de Ptolémée. Enfin la Terre «loi t être en mouvement, parce qu’elle est le séjour de l’observateur, à qui ce mouvement donne les moyens de mesurer les espaces célestes, au lieu que s’il était au centre il n’aurait aucun