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xlix
DISCOURS PRÉLIMINAIRE.

donc la première lunette méridienne ; il la plaça dans son observatoire de campagne ; il en fit un usage assez heureux pour déterminer les ascensions droites au moins relatives des étoiles. Il n’a rien imprimé, et ses manuscrits ont péri dans l’incendie de l’observatoire de Copenhague, où ils avaient été transportés après sa mort. Nous n’avons guère de lui que son ouvrage des Trois Jours, Triduum astronomicum, dans lequel on trouve les passages d’un assez grand nombre d'étoiles observées à sa lunette ou roue astronomique. On peut d’autant mieux le juger d’après cet opuscule, que de toutes ses œuvres c’était celle qu’il prisait le plus, et qu’il en avait multiplié les copies, dont plusieurs ont été conservées, et ont pu être comparées à l’original, qui était heureusement entre les mains de son élève Horrebow. Roëmer est surtout célèbre par les preuves qu’il donna du mouvement de la lumière et de la vitesse de ce mouvement, qu’il soutint constamment, du moins pendant son séjour en France, malgré l’opposition non moins constante de D. Cassini ; mais de retour à Copenhague, il parut oublier entièrement cette découverte importante, de laquelle il ne tira aucune connaissance utile, ni aucune amélioration pour les calculs astronomiques. Il semble qu’il aurait du montrer moins d’indifférence, et s’attacher surtout à développer l’idée heureuse de Descartes sur l’aberration des planètes, qui était une conséquence mathématique de la transmission non instantanée de la lumière. Si Roëmer n’eût été rappelé à Copenhague, d’où Picard l’avait amené à Paris, en 1670, il eût été appelé à la succession de Picard, il eût contribué mieux que personne à établir en France le véritable système de l’Astronomie pratique, proposé depuis si long-temps par son maître et son bienfaiteur. Il quitta la France peu de mois avant la mort de Picard, et fut remplacé à l’observatoire par La Hire, qui chercha bien à suivre le plan de ses deux devanciers. Mais il s’occupait de choses trop différentes ; il était à lui seul une académie tout entière, suivant l’expression de Fontenelle ; mais il n’était qu’un astronome du second ordre. Pendant trente ans il observa des hauteurs et des passages à son quart de cercle, dont il ne connaissait assez bien ni les déviations ni les autres erreurs. 11 nantira qu’un catalogue de 64 étoiles, où l’on remarque des erreurs qui ne peuvent avoir été produites ni par l’aberration ni par la nutation, qui étaient encore inconnues. En sorte que, ni pour le nombre, ni même pour la précision, ce catalogue ne peut entrer en comparaison avec celui que Flamsteed composait dans le même temps. Ses tables astronomiques ont joui de quelque réputation, quoiqu’il ne les eût pas assujéties à l’el-