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i 7 G ASTRONOMIE MODERNE, plus sensibles. Malgré tous les soins du landgrave et ceux que s’est donnes Tycho, ils n’ont pu ni l’un ni l’autre se procurer aucune horloge à la- quelle ils pussent accorder leur confiance. Tycho en avait trois ou quatre, et l’on conçoit de reste qu’il n’en fut pas extrêmement content. Avec quelque soin et quelque adresse que ces machines soient com- posées, on sent qu’elles doivent varier sans cesse par les changeniens de l’air et des vents, dont on ne peut suffisamment les garantir, même dans des éluves; que leur marche d’abord régulière en apparence, ne tarde guère à se déranger; que les roues et les dents ne peuvent être d’une extrême régularité, et que l’égalité même de leurs restitutions diurnes ne prouve pas encore une distribution égale du tems dans les diflerens intervalles; le poids n’agit pas de même dans le haut et dans le bas de sa course; le poids du fil s’y ajoute, quelque mince que vous le supposiez, et les moindres différences deviennent importantes, puisque 4" valent une minute de degré. Ces causes d’erreurs détaillées par Tycho ont heureusement disparu dans la construction des horloges modernes, Tycho avait tenté un moyen physico-chimique de mesurer le tems par l’écoulement du mercure bien purifié et revivifié, qu’il laissait échapper par un petit orifice, en conservant toujours la même hauteur dans le vase conique qui renfermait le métal. Le poids du mercure écoulé devait donner le tems et l’ascension droite de l’étoile. Il employa le plomb pu- rifié et réduit par la calcination en poudre très-subtile, mais pour con- fesser la vérité, le rusé Mercure qui est en possession de se moquer égale- ment des astronomes et des chimistes , s’est ri de mes efforts , et Saturne } non moins trompeur 3 quoique d’ailleurs ami du travail, na pas mieux secondé celui que je m’étais imposé. Tycho, par ces expressions recherchées et figurées, nous fait assez entendre combien il trouvait de difficulté dans celle recherche fonda- mentale du lieu des étoiles; combien il restait encore à désirer dans tout ce qu’on avait fait avant lui, et dans tout ce qu’il avait essayé lui-même. Dans cet embarras et ces incertitudes, une idée lumineuse et ines- pérée se présenta à son esprit, et il saisit promptement l’occasion qui s’offrait. Au printems de i582 , par un air très pur, Vénus fut visible une grande partie de la journée; on pouvait l’observer avant le passage au méridien, et en mesurer la distance au Soleil. On pouvait comparer Vénus au Soleil d’une part et de l’autre aux étoiles, et vérifier les unes par les autres,