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TYCHO-BRAHÉ. 1G7 forte de 4> et l’équation annuelle, qu’il a déguisée, est réduite à 4’î au lieu de 1 1’. Latitude de la Lune. Tous les astronomes avaient cru que l’inclinaison de l’orbite lunaire était constamment de 5°, et Tycho reproche à Copernic d’avoir en cela, comme en beaucoup d’autres choses, suivi Ptolémée avec trop de con- fiance. Mais Copernic avait peu observé; il n’avait que des instrumens excessivement médiocres et en petit nombre , Tycho nous l’apprend lui-même. Toute la vie de Copernic avait été employée en méditations sur le mouvement de la Terre et en efforts pour montrer que toutes les observations anciennes, toutes les inégalités qu’on avait pu découvrir, étaient aussi bien représentées dans son système que dans l’ancienne hy- pothèse. Celte réflexion suffit pour disculper Copernic, qui d’ailleurs a su tirer un parti fort satisfaisant du petit nombre d’observations qu’il avait pu faire, pour améliorer la théorie de la Lune en un point très important; c’est-à-dire dans les distances qui règlent les diamètres et les parallaxes. Tycho lui-même convient qu’il a profité des idées de Copernic, et c’est ce qu’il a fait notamment dans l’exposition du mécanisme qui produit la variation.il a fait lui-même deux remarques heureuses, dont la première sur-tout ne suppose qu’un certain nombre de bonnes obser- vations ; c’est la variation de 8’ en plus ou en moins dans les plus grandes latitudes et l’équation du noeud. Nous avons vu qu’un arabe plus ancien qu’Ebn Jounis avait remarqué des inégalités sensibles dans les plus grandes latitudes, et qu’Ebn Jounis n’avait su tirer aucun parti de cette remarque importante. En renversant l’hypothèse de Ptolémée, Copernic dut sentir qu’il allait faire liguer contre lui tous les astronomes qui croiraient l’Astronomie détruite jusqu’en ses fondemens; outre les préjugés des théologiens, il vit qu’il aurait à combattre tous les mathématiciens qui seuls étaient en état de l’entendre. Il se hâta donc de leur montrer qu’ils n’avaient aucun intérêt à prendre parti contre lui, puisque la partie mathématique restait intacte, et même recevait des améliorations sensibles. Il s’attacha donc h raffermir et consolider les fondemens de la science des anciens. Il n’eut ni le tems ni les moyens de corriger les détails; il fallait pour cela les moyens et tout le loisir d’un observateur habile, riche et zélé comme Tycho; cela ne suffisait pas encore, il fallait que ce grand observateur eût pour successeur un homme de génie, pourvu d’une patience opi- niâtre, tel que Répler; ces trois grands hommes étaient nécessaires