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DISCOURS PRÉLIMINAIRE.

l’idée si simple de leur faire décrire des ellipses autour du Soleil. Il crut que ce serait perdre son temps que de calculer scrupuleusement la marche de ces astres passagers, qui se dissipaient si promptement. En adoptant l’idée d’Apian, que la queue s’étendait toujours dans une direction opposée au Soleil, il crut que cette queue était formée par les rayons solaires, qui, en traversant le corps de la comète, entraînaient continuellement les parties les plus subtiles, en sorte que la comète finissait par se réduire à rien, parce que les parties qui formaient la queue se détachaient successivement à mesure qu’elle avançait. D’après ces idées, on conçoit l’espèce d’indifférence qu’il a témoignée, et le peu de soin qu’il a pris pour approfondir cette théorie ; mais dans sa manière de calculer toutes les circonstances de l’apparition, on remarque pourtant deux choses nouvelles, et qui n’ont pas été inutiles aux modernes. La première est la manière dont il calcule les triangles qui ont pour base les cordes décrites par la Terre. La seconde est cette ligne droite divisée proportionnellement au temps. Une trajection rectiligne ainsi divisée a beaucoup de ressemblance avec la corde d’une orbite parabolique, entre deux observations extrêmes, que par approximation on se permet de diviser d’après le temps pour y trouver le lieu de la comète dans l’observation intermédiaire ; ainsi la théorie incomplète et inexacte de Képler a fourni du moins les deux points fondamentaux de quelques approximations modernes.

Il est peu de vies aussi remplies que celle de Képler ; il en est peu qui aient été signalées par des découvertes aussi importantes et aussi inattendues. Né sans fortune, Képler n’eût, pour faire subsister sa femme et ses enfans, que le produit incertain de ses ouvrages et sa pension de mathématicien de l’empereur, pension mal payée, par le malheur des temps, et qui exigeait de sa part des sollicitations continuelles et des déplacemens dont le dernier lui coûta la vie. De nos jours, un prince, ami des sciences (Charles d’Alberg, alors prince primat), lui fit dresser un petit temple en marbre. On y voit son buste et l’ellipse de Mars, monument plus impérissable que les marbres et que l’airain.

Nous venons de voir le système de Copernic rectifié et complété par des améliorations dont les astronomes furent longtemps à sentir tout le prix. Presque à la même époque, ce système prenait faveur en Italie, par des découvertes qui, pour être senties, n’exigeaient guère que des yeux.

La lunette avait été trouvée en Hollande, soit par un simple hasard,