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COPERNIC. 87

Le mouvement des corps célestes est égal y circulaire , perpétuel, ou composé de mouvemens circulaires. On voit encore ici quelques restes d’anciens préjugés.

<t On observe divers mouvemens. Le plus remarquable est le mouvement diurne. Il est la mesure de tous les autres. 11 nous sert à mesurer le tems. Le Soleil, la Lune, les planètes ont des mouvemens qui se font dans un sens opposé. Le Soleil nous a donné les années, la Lune les mois ; ces mouvemens ne s’opérant pas tous autour des mêmes pôles , le Soleil et la Lune vont tantôt plus .vite, et tantôt plus lentement. Les autres planètes sont successivement directes, statiounaires et rétrogrades : elles s’approchent et s’éloignent de la Terre; mais on doit avouer que ces mouvemens sont ou circulaires ou composés de circulaires. » On répondrait à Copernic que l’on conçoit très bien que les premiers astronomes aient tenté de tout ramener au cercle et au mouvement uniforme, quoique le mouvement circulaire soit lui-même une combinaison de deux mouvemens; cette combinaison est même un cas unique parmi une infinité d’autres; le mouvement elliptique n’est pas plus difficile à expliquer, et il y a l’infini à parier contre un que tout mouvement est elliptique plutôt que circulaire; mais on ne s’était pas encore élevé à ces considérations; on s’est dispensé de toute explication, en disant que le mouvement circulaire était naturel aux corps célestes , comme le mouvement en ligue droite aux corps pesans. Jusqu’ici Copernic ne se montre pas au-dessus de son siècle.

« Les mouvemens inégaux sont assujétis à certaines périodes, ce qui » serait impossible, s’ils n’e'laient circulaires. Le cercle seul peut ramener ce qui est arrivé déjà. Un corps céleste est simple, et ne peut » se mouvoir inégalement dans un seul orbe. »

Copernic ne démontre aucune de ces assertions, et il y aurait sans doute éprouvé quelque embarras. « Une inégalité de mouvement ne » pourrait venir que d’une inconstance ou d’une altération dans le corps » mu, ou d’une cause étrangère, m Cette énumération est incomplète, on y oublie , ou du moins on y méconnaît le cas précisément qui a lieu dans la nature. Le mouvement inégal qu’on oberve, résulte de deux mouvemens combinés qui se surpassent et sont surpassés tour-à-lour. Ces alternatives sont produites par une cause étrangère inconnue à Copernic. Il en revient à dire que la Terre n’est pas tout-à-fait au centre des mouvemens et que cette excentricité est la cause des inégalités apparentes.