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DISCOURS PRÉLIMINAIRE.

ment introduit dans l’Astronomie, et non pas seulement dans les disputes de l’école ; c’est lui qui a démontré comment la révolution de la Terre autour du Soleil expliquait la succession des saisons et la précession des équinoxes ; c’est lui qui nous a fait voir avec quelle simplicité les mouvemens inégaux, dans des orbites concentriques au Soleil, donnaient naissance aux phénomènes des rétrogradations. C’est lui qui a posé l’Astronomie sur une base nouvelle, et qui, par ce changement important, a ouvert la route à toutes les recherches subséquentes. C’est à l’enthousiasme que cette vérité nouvelle excita chez Kepler, que nous avons dû la figure véritable des orbites planétaires et les lois des mouvemens. L’idée du mouvement de la Terre n’avait rien produit chez les anciens, parce que jamais elle n’avait été prise sérieusement en considération par leurs astronomes ; c’est son adoption qui est l’époque de l’Astronomie moderne.

Mais si Copernic eut la gloire d’être le fondateur de cette Astronomie, celle de s’en montrer le législateur était réservée à un génie plus inquiet et plus hardi. On dirait qu’effrayé du pas qu’il avait osé faire, Copernic n’eut pas le courage de mettre lui-même la dernière main à son ouvrage. Pour conjurer l’orage qu’il redoutait, il s’attacha uniquement à s’assurer le suffrage des astronomes, en leur prouvant que rien n’était changé pour eux, qu’ils n’avaient rien à oublier ni rien à apprendre ; que toutes leurs méthodes subsistaient, et même devenaient un peu plus faciles. Il retarda autant qu’il lui fut possible la publication de son livre, et mourut, dit-on, le jour même où il en reçut le premier exemplaire.

Jetez les yeux sur la figure qui représente le système de Copernic, en vous bornant d’abord aux considérations les plus générales ; rien ne paraîtra plus simple et plus naturel. Vous y verrez six orbites circulaires dont le Soleil est le centre commun. La Terre, en parcourant son orbite, présente successivement, aux rayons directs du Soleil, chacun des parallèles de sa zone torride, qui tous ont successivement le Soleil à leur zénit ; voilà les saisons expliquées. La succession des jours et des nuits s’entendra plus facilement encore par la révolution autour de l’axe en vingt-quatre heures.

Ce que nous disons de la Terre aura lieu également pour Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne, pour les cinq planètes qui étaient alors inconnues, et pour toutes celles qu’on pourra découvrir par la suite. Chacune de ces planètes aura le même droit que la nôtre de se croire immobile au centre du monde, et de transporter au Soleil le cercle qu’elle