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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

et monumentale, comme l’entendent les modernes. La mode a un empire incroyable sur les meilleurs esprits.

Lundi 22 avril. — Enterrement de M. Meneval. Isabey, à côté de qui j’étais, me disait qu’il était contraire à l’architecture colorée. On y trouve à chaque instant des tons qui enfoncent ce qui devrait être saillant, et réciproquement. Les ombres produites par les saillies dessinent suffisamment les ornements. Tout cela se disait pendant la cérémonie, en face des peintures et de l’architecture de Notre-Dame de Lorette, où l’on ne voit que des contresens, il faudrait dire des contre-bon sens.

Il critique également avec raison les fonds d’or pour la peinture. Ils détruisent toute saillie dans les figures et désaccordent tout effet de peinture, en venant au-devant de tout, et en privant le tableau de fonds destinés à faire tout valoir. Revenu de l’église par une pluie affreuse.

Champrosay. — Vendredi 26 avril. — Parti pour Champrosay à onze heures et demie. Ravi de m’y retrouver. La sensation la plus délicieuse est celle de l’entière liberté dont j’y jouis. Là, les ennuyeux ne peuvent venir m’y trouver, quoique cela me soit arrivé, tant ils sont difficiles à éviter.

Le jardin était très en ordre, et tout s’est bien passé.