Page:Delacroix - Journal, t. 1, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/402

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
326
JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Rousseau. Jamais on n’a proféré une pareille sottise, quelque philosophe qu’on puisse être.

Voilà le début de la philosophie chez ces messieurs. Est-il dans la création un être plus esclave que n’est l’homme ? La faiblesse, les besoins, le font dépendre des éléments et de ses semblables. C’est encore peu des objets extérieurs. Les passions qu’il trouve chez lui sont les tyrans les plus cruels qu’il ait à combattre, et on peut ajouter que leur résister, c’est résister à sa nature même. Il ne veut pas non plus de la hiérarchie en quoi que ce soit ; c’est en quoi il trouve surtout le christianisme odieux ; c’est, à mon sens, ce qui en fait la morale par excellence : soumission à la loi de la nature, résignation aux douleurs humaines, c’est le dernier mot de toute raison (et partant soumission à la loi écrite, divine ou humaine).

13 septembre. — A Versailles ; j’y ai repris la fièvre.

17 septembre. — Sorti pour aller voir Mme Marliani ; arrivé près de chez elle, la fatigue m’a forcé de revenir en voiture.

18 septembre. — M. Laurens[1] venu ce matin ; il me vante beaucoup Mendelssohn.

  1. Il est difficile de savoir si Delacroix veut parler ici de Joseph-Bonaventure Laurens, littérateur et compositeur français, né en 1801, ou de son jeune frère Jules Laurens, peintre lithographe et graveur, né