Page:Delacroix - Journal, t. 1, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/356

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
280
JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

sur les autres. La terrasse qui figure le dessus des remparts, ton très simple, avec rehauts très vifs de blanc, figurant les intervalles du mortier dans les pierres. La détrempe prête admirablement à cette simplicité d’effets, les teintes ne se mêlant pas comme dans l’huile. Sur le ciel très simplement peint, il y a plusieurs tours ou bâtiments crénelés, se détachant les uns sur les autres par la seule intensité du ton, les reflets bien marqués, et il suffit de quelques touches de blanc à peine modifié, pour toucher les clairs.

4 mars. — Ce matin, Villot venu ; je l’ai vu avec plaisir.

M. Geoffroy, de la part de Buloz. Villot ne lève jamais le siège, quand vient un étranger ; c’est incroyable d’indiscrétion.

— Retourné à la Chambre et pris la résolution de faire mon ménage de peintre moi-même ; je m’en suis fort bien tiré et j’y gagnerai de la liberté. C’était la onzième fois que j’y retournais, et le tableau est déjà bien avancé. Travaillé surtout à l’Orphée.

Ces ébauches avec le ton et la masse seule sont vraiment admirables pour ce genre de travaux sur parties comme des têtes, par exemple, préparées par une seule tache à peine modelée. Quand les tons sont justes, les traits se dessinent comme d’eux-mêmes. Ce tableau prend de la grandeur et de la simplicité ; je crois que c’est ce que j’ai fait de mieux dans le genre.