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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

toile, etc. Mais qu’importe après tout, si la nature vous a donné, dans quelque genre que ce soit, d’animer, de faire vivre ! Quel bonheur de rendre la vie, l’âme ! — Chacun des plans, dans l’ombre, ou plutôt dans tout effet de demi-teinte, doit avoir chacun son reflet particulier ; par exemple, tous les plans qui regardent le ciel, bleuâtres ; tous ceux qui sont tournés vers la terre, chauds, etc., et changer soigneusement, à mesure qu’ils tournent. Les plans de côté reflétés verts ou gris.

Dans Véronèse, le linge froid dans l’ombre, chaud dans le clair.

Quand il y a beaucoup de figures, qu’elles aient bien l’air de se correspondre comme grandeur, suivant le plan où elles sont.

La pâleur dans les reflets indique, plus que le reste, la pâleur, ou de la maladie, ou de la mort. Burnet[1]dit que Rubens entoure ordinairement la masse de lumière de l’ombre, et ne se sert de vigueur dans le clair que pour lier. Sa lumière est composée de teintes fraîches, délicates, etc. Au contraire, dans les ombres des teintes très chaudes qui sont de l’essence ordinaire du reflet et ajoutent ainsi à l’effet du clair-obscur. Il n’y met surtout pas de noir.

Mettre dans l’ombre des tons feuille morte (Van Dyck), bruns, opposés au rouge.

La Femme au bain : pour les chairs, teinte locale

  1. John Burnet, graveur et peintre anglais, né en 1784, mort en 1862 ; auteur d’un grand nombre de planches remarquables.