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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

— Tiré au pistolet, assez bien, aux Champs-Élysées. — Punch chez Lemblin. Billard au coin, après déjeuner. — Chez Allier[1] : très charmé de sa nouvelle figure. Son Marin m’a fait le plus grand plaisir. Une chose qui m’a frappé, et que Champmartin rappelait ce soir, c’était que c’était comme la peinture de Géricault ; ce qui paraît contribuer à m’en faire voir le faible aussi bien que le beau côté. J’ai comparé les émotions que fait naître ce genre de style avec celui de Michel-Ange, dans les jambes et cuisses chez Allier.

Y penser pour ne faire ni l’un ni l’autre ; mais le bien est entre les deux.

Déjeuné 1 "0
Dîné 1 20
Punch 0 60
Pistolet 1 "0
Billard 1 "0
4 80

C’est trop pour une journée de sottises.

— Le souvenir du petit groupe en pierre de Géricault m’enchante ; il serait amusant d’en faire, mais il faudrait être un travailleur forcené. Comment trouver le temps de tout faire ?

Dimanche 25. — À l’atelier, vers onze heures. —

  1. Antoine Allier, sculpteur français, qui siégea plus tard comme député aux Assemblées législatives de 1839 à 1851. Il exécuta un grand nombre de compositions, de bustes et de statues, qui furent exposés au Salon, de 1822 à 1835. Delacroix fait sans doute allusion ici à sa figure intitulée : Jeune marin expirant.