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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.


— Le soir, Dimier[1] nous donne un punch chez Beauvilliers[2].

— Mardi dernier, 6 janvier, dîné chez Riesener, avec Jacquinot et la fille du colonel, son frère[3]. Elle n’a pas de beaux traits, mais je désire vivement conserver longtemps l’impression de sa physionomie italienne, et surtout cette netteté de teint (sans avoir précisément un beau teint), et cette pureté de formes. J’entends cet arrêté, ce tendu de la peau qui n’appartient qu’à une vierge. C’est un souvenir précieux à garder pour la peinture, mais je le sens déjà qui s’efface.

— Hier dimanche 11, dîné chez la maîtresse de Leblond ; aucune impression que vulgaire.

— C’est donc aujourd’hui lundi 12 que je commence mon tableau.

Dimanche 18 janvier. — Dîné aujourd’hui chez M. Lelièvre avec Édouard et Lopez. Bonnes et excellentes gens. Grande discussion sur les arts, et notamment grands efforts pour faire comprendre le mérite de Raphaël et de Michel-Ange.

— Aujourd’hui, Émilie Robert.

  1. Probablement Abel Dimier, sculpteur, né en 1794.
  2. Restaurant du Palais-Royal, qui eut son heure de réputation avant la Révolution, jusqu’en 1793, et reprit ensuite sa vogue sous l’Empire et la Restauration.
  3. Sans aucun doute le général Charles Jacquinot, cousin germain de Delacroix.
    Son frère, le colonel Nicolas Jacquinot, devint sénateur sous l’Empire.