Page:Delécluze - Romans, contes et nouvelles, 1843.djvu/117

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

DONA OLIMPIA.


CHAPITRE PREMIER.

C’était au mois de décembre ; toutes les horloges de Rome sonnaient dix heures, au milieu du silence de la nuit. Un carrosse noir, dont les rideaux étaient fermés, et derrière lequel étaient montés des laquais, ainsi qu’aux portières, faisait entendre un bruit sourd, en roulant dans les rues solitaires et obscures qui conduisent de la place Navone au palais que les papes habitent l’hiver. Arrivé à la rue de la Daterie, dont la montée est rapide, l’équipage ayant pris le pas, ne tarda point à être entouré de quatre hommes placés en vedette, qui, remontant silencieusement auprès des chevaux, servirent de guides au cocher pour entrer dans le palais Quirinal, dont la porte s’ouvrit doucement et se referma de même sitôt que la voiture l’eut franchie.

Tous les domestiques mirent pied à terre et coururent à une petite entrée près de laquelle le carrosse arrêta. Dès que la portière fut ouverte, une femme, à laquelle son embonpoint n’ôtait rien de son agilité, tendit une liasse de papier à l’un des domestiques qui se présenta pour la prendre, et bientôt elle descendit de la voiture, en laissant porter tout le poids de son corps sur quatre de ses laquais, qu’elle maintenait ainsi dans toute l’exactitude d’un service dont elle aurait pu se passer.

Un des serviteurs, celui qui portait les papiers, entra en précédant sa maîtresse, et ce ne fut qu’après avoir traversé une première pièce, que l’on parvint dans une seconde qui était éclairée. Tout était prévu, comme on le pense bien, au palais Quirinal en cette occasion, et le cérémonial en était