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le laboratoire sont sorties deux puissances nouvelles : le néoplatonisme et la théologie. Les néoplatoniciens et les théologiens d’Alexandrie ont formulé le christianisme et constitué le dogme de la Trinité, dont le germe se trouve dans un dialogue de Platon. L’Evangile, attribué à saint Jean, fut l’expression de cette nouvelle phase de la doctrine de Jésus. Il fut rédigé expressément pour attirer à la foi nouvelle les adeptes du platonisme.

Dans son excellent ouvrage sur l’École d’Alexandrie, M. Vacherot s’exprime en ces termes :

« L’école d’Alexandrie, ou le Musée, ne doit pas être confondue avec l’école philosophique qui porte le même nom. Le Musée, dont la fondation remonte, à ce qu’il semble, au premier des Lagides, comprenait toutes les sciences connues et tous les exercices de la pensée : philosophie, mathématiques, physique, médecine, philologie, littérature. Toutes les écoles grecques y coexistaient et y travaillaient, chacune dans le sens de ses principes et de ses traditions. C’était, eu un mot, un véritable institut et non une école. Un même esprit, une même pensée générale ne servait point de centre à ces directions diverses. Le seul caractère commun aux écoles qui composaient cette grande société littéraire et scientifique, c’est qu’elles avaient toutes apporté et conservaient religieusement l’esprit grec au milieu d’une ville orientale. Il est à remarquer que le Musée demeura toujours fidèle à son origine et ne se laissa jamais absorber par les écoles d’origine orientale, avec lesquelles il eut de nombreuses communications. Non-seulement l’école d’Alexandrie n’est pas tout le Musée, mais elle ne comprend même pas les écoles philosophiques qui s’y trouvaient réunies. Ces écoles représentaient presque toutes les directions du mouvement philosophique qui avait commencé à Thalès et fini à Zénon : le pythagorisme, le platonisme, le péripatétisme, le pyrrhonisme et le « stoïcisme…