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Disons-le donc ici avec M. de Quatrefages, « Tant de millions, tant d’années, tant d’efforts, à quoi ont-ils conduit ? à la perte de nos races. »

Connaissant les principes de la génération et les caractères du cheval anglais, il est facile de prévoir ce qui se passe dans un croisement. La force sanguine et le tempérament nerveux du pur-sang anglais sont bien au-dessus de ces mêmes conditions chez les femelles qu’on lui présente, il s’ensuit une tendance de donner à ses produits la plus grande somme de ses caractères. Or, comme ce cheval n’a aucune qualité réellement utile, il ne transmet à ses descendants que le grand nombre des défauts qu’il possède.

C’est ainsi que par un croisement avec le pur sang anglais on fait un cheval aux réactions dures,[1] à bouche peu sensible, rétif, méchant, ayant peu de robusticité ; exigeant beaucoup de soins, beaucoup de nourriture et avec cela, impropre à l’agriculture et à la vie de caserne. Les faits parlent et démontrent irréfragablement nos assertions.

N’avons-nous pas encore vivant devant nous le tableau de la campagne de Crimée, où l’on a vu les chevaux anglais moissonnés impitoyablement par la rigueur du climat et des privations, tandis que les chevaux orientaux n’éprouvaient qu’une mortalité bien inférieure ? « Les chevaux anglais, écrivait-on de Crimée, fondent en campagne comme la neige au soleil. » Et pourtant, malgré ces exemples, c’est avec le pur sang anglais que l’on veut faire le

  1. Le cavalier qui monte un cheval de demi-sang anglais, est obligé toutes les fois que sa monture tombe sur le sol en exécutant le trot, de se soutenir sur les étriers pour éviter les secousses. — Cela s’appelle monter à l’anglaise.