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« Elles tiennent à des défaillances individuelles et collectives, des imprudences commises sous le feu de l’ennemi, des divisions mal engagées, des déploiements téméraires et des reculs précipités, une usure prématurée des hommes, enfin à l’insuffisance tactique de certaines de nos troupes et de leurs chefs. »

Telle a toujours été l’explication de Joffre et de ses complices. Lorsque Joffre a déposé devant la Commission d’enquête sur la métallurgie, il a encore reproduit les mêmes arguments. Il n’a pas hésité à dire que toutes les fautes avaient été commises par les soldats ou par leurs chefs immédiats, et à faire l’éloge de l’Etat-major et du Grand Quartier. Il l’a redit dans son discours de réception à l’Académie française. C’est le vieux système employé par Castelnau, lorsque ayant fait sabrer ses trois corps d’armée à Morhange, il fit répandre, dans Le Matin, par le sénateur Gervais, le bruit que le 15e corps avait lâché pied, que c’était la faute des Marseillais. La responsabilité pour les soldats, l’honneur pour l’Etat-major. La responsabilité pour les victimes et l’honneur pour les meurtriers !

En dépit de ses efforts, l’Etat-major ne réussira pas à fausser la vérité et à établir la légende qu’il s’emploie à implanter. Trop de malheureux bougres ont souffert de ses actes pour qu’il puisse aujourd’hui se livrer à ce camouflage. Il n’y arrivera pas, parce que à tous les crimes d’impréparation et d’incapacité dans l’exécution qu’il a commis, il s’en est ajouté un autre qu’on lui pardonnera, si c’est possible, moins encore que les précédents : c’est celui de s’être montré plus incapable encore après la guerre qu’avant et pendant la guerre ; c’est celui