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ment, dans le 1er comité secret, ce qui fut dit à la Chambre sur l’absence de tranchées dans le secteur de Verdun, que le député nationaliste Driant, qui y fut tué, avait signalée à ses collègues.

Pour ce qui concerne l’armement, vous y trouverez des choses qui font rétrospectivement frissonner.

La Commission de l’armée s’est réunie au début de 1915, lorsque la Chambre, licenciée après le départ du gouvernement à Bordeaux, s’assembla de nouveau. Et voici ce que rapporte M. Dalbiez de sa première séance :

« Les révélations du président (général Pédoya), relatives à l’armement de l’infanterie, produisent une telle émotion que, le lendemain, le gouvernement le prie de ne pas continuer. La Commission est unanime à penser que la gravité de la situation, dévoilée en partie, exige que le gouvernement vienne s’expliquer plus complètement. »

Le ministre de la guerre, M. Millerand, comparut le lendemain avec ses directeurs.

Le directeur de l’artillerie, le général Baquet, de sinistre mémoire, déclara que, depuis le début de la guerre, 700.000 fusils avaient été perdus. Il ajouta qu’on n’en avait fabriqué aucun, car le plan de mobilisation n’avait jamais prévu qu’il serait nécessaire de fabriquer des fusils après la déclaration de guerre ; qu’il suffisait de transformer les fusils Gras et que les deux cinquièmes au moins de la classe 15 n’en recevraient pas d’autres.

En ce qui concerne l’artillerie, il exposa qu’on n’avait pas fabriqué non plus de nouveaux canons, parce que le plan de mobilisation n’avait prévu, après la déclaration de guerre, que la réparation du maté-