Gouffre, raconte qu’en novembre 1914, à Cassel, au Q. G. du général Foch, il rencontra l’officier d’état-major André Tardieu, qui lui rapporta ce propos du général Berthelet tenu dans les premiers jours d’août : « Plus il en passera la Meuse, moins il en reviendrai »
Telle était la théorie officielle. Les résultats furent ces belles attaques que vous connaissez : le 14 août, l’attaque de Morhange, le 20 août l’attaque de Virton, le 21 celle de Charleroi. M. Clemenceau à ce moment continuait toujours la série de ses prophéties. Le 19 août 1914, j’ai relevé dans L’Homme libre ces phrases merveilleuses :
« Aussi bien, tout en faisant de mon mieux pour ne rien forcer de nos succès, ne puis-je faire autrement que de constater, presque chaque jour, que l’ennemi recule et que nous avançons. » (Rires.)
Le 10 août, quelques jours plus tard, il avait déjà constaté dans son journal ;
« Les soldats allemands ont une façon si particulière d’avancer très vite à reculons qu’il a fallu leur envoyer des cavaliers pour les ramener à l’idée de se voir de plus près. Ils ont préféré se retirer à toutes jambes, vaillamment. »
Mais il ajoutait avec son ordinaire courage :
« On s’abordera à la baïonnette, messieurs de l’Allemagne, et vous pourrez voir ce jour-là ce que vaut votre ferraille tapageusement aiguisée en public, à la mode des sauvages, pour essayer de vous donner une allure de fanfarons. »
Comme le général Lanrezac, le général Ruffey, qui