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Sordet qu’on avait envoyé en Belgique et qui se fit massacrer pour recueillir des informations dont on ne tint aucun compte ; renseignements fournis par le général Lanrezac, commandant de notre armée de gauche, qui, tous les jours, avertissait qu’il avait en face de lui des troupes considérables. L’Etat-major se refusait à écouter quoi que ce soit. Lanrezac, dans son ouvrage, Le Plan de campagne français, rapporte la réponse que lui firent le général Joffre et ses aide-majors, les généraux Belin et Berthelot, lorsque, le 12 août, las d’envoyer des rapports dont on ne tenait aucun compte, il se rendit lui-même à Vitry-le-François, au G. Q. G. Ils lui répondirent : « Nous avons le sentiment que les Allemands n’ont rien de prêt par là ! »

D’autres témoignages corroborent le sien. C’est le lieutenant-colonel de Thomasson qui raconte, dans une étude intitulé Le Revers de 1914 et ses causes, que, quelques jours après l’attaque de Liège, comme il énonçait ses craintes à l’égard de Maubeuge à l’un de ces officiers du G. Q. G. que l’on a fort justement baptisés depuis : les Jeunes-Turcs, il s’entendit rétorquer : « Ah ! Maubeuge ! Plaise au ciel qu’ils aillent à Maubeuge, qu’ils s’étirent d’une façon aussi insensée, parce que, alors, nous crèverons leur centre ! » (Rires.)

C’est M. Messimy lui-même qui a déposé devant la Commission d’Enquête sur la Métallurgie que le 19 août, à la veille de Charleroi, le général Berthelot, aide-major de Joffre, lui avait téléphoné : « Plus nous aurons de monde à notre gauche, mieux cela vaudra ; cela nous permettra de mieux enfoncer leur centre. » C’est Victor Margueritte qui, dans Aux bords du