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que brusquée. Vous vous rappelez les sottises débitées, en particulier par M. André Lefèvre et par M. Joseph Reinach, par M. Messimy aussi, sur l’invasion soudaine à laquelle les Allemands se livreraient dès les premiers jours de la guerre. M. Messimy avait même fixé la date : « Cette attaque se produirait, disait-il, le quatrième jour ou le soir du troisième, avec sept corps ou sept corps et demi. » Vous voyez si cela a quelques rapports avec ce qui s’est passé, puisque les Allemands sont entrés en France au bout de la troisième semaine avec deux millions d’hommes !

Les militaires commissaires du gouvernement, le général Pau, le général Joffre et le général Legrand, faisaient chorus avec eux devant les Chambres.

« A partir du 1er avril, les Allemands, disait le général Pau, auront des effectifs de couverture tels que, en quelques heures, avec le seul appoint des réservistes recrutés sur place, ils seront susceptibles d’entrer immédiatement en campagne… L’armée allemande se trouve ainsi composée de deux parties dont l’une, l’armée de couverture, sera susceptible, en quelques heures et par l’appel de quelques éléments locaux, de se trouver sur le pied de guerre et d’entrer en campagne en quelques heures. »

D’autres militaires, comme le général Percin, le général Goirand, le général Pédoya, avaient beau déclarer que c’était là une création de l’esprit qui n’avait aucune espèce de ressemblance avec ce que serait la réalité, les Chambres passèrent outre. Jaurès eut beau, une fois de plus, prononcer des paroles prophétiques, il n’obtint pas le rejet du projet de loi. Voici quelques extraits de son discours du 18 juin 1913, que nous avons édité en brochure. Il est utile