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Une grande portion des Ouvriers de luxe, des Artiſtes, des Marchands de la Capitale & des Provinces, ſeroit forcée de s’expatrier pour aller ſubſiſter ailleurs.

Toutes les Manufactures qui fourniſſent les Colonies de leurs beſoins ſeroient anéanties.

La culture des vignes de la Provence, de la Guyenne, de la Saintonge, ſeroit diminuée de moitié.

L’herbe croîtroit dans les Villes de Marseille, de Bordeaux, de la Rochelle, de Nantes, du Hâvre, de Rouen.

Plus de cinq millions d’hommes que nourriſſent & entretiennent deux cent millions de richeſſes, réduits à la dernière misère par le défaut de travail, pourroient devenir un ſurcroît de population dangereuſe pour le Royaume, & y cauſer probablement une grande & ſanglante révolution.

Il ſeroit indiſpenſable de vendre ou de brûler huit cent gros Navires marchands.

Les fortunes de huit à neuf cent Négocians des Ports de Mer, à qui les Colonies doivent, peut être, plus de trois cent millions, ſeroient renverſées & culbutées.

La France à la vérité n’auroit plus beſoin de Marine royale, s’il faut en croire une foule de mauvais écrivains, de prétendus philoſophes ; mais ſes Côtes ſeroient alors ouvertes aux incurſions de ſes ennemis, & elles n’en ſeroient pas même garanties par un million d’hommes armés, ce dont les gens de guerre