Page:De Théis - Oeuvres complètes, Tome 3, 1842.djvu/193

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
190
PENSÉES.

pas une chose illusoire ni ridicule ; elle est le résultat d’une observation involontaire qui se représente à l’instant à notre souvenir quand les événements la confirment, et la preuve en est que si les personnes qui ont eu des pressentiments veulent s’en rendre bien compte, elles verront toujours qu’ils ont tenu à des causes réelles, qu’ils se rattachaient à des événements qui ont eu lieu en effet, et qu’ils auraient pu les annoncer (et peut-être les prévenir), s’ils avaient eu assez de force pour frapper vraiment l’imagination. Une foule de malheurs, de circonstances extraordinaires, prouve sans cesse cette vérité, dont l’histoire même offre plus d’un exemple, et on doit en conclure, comme je crois l’avoir démontré, que loin qu’il faille se jouer des pressentiments, il faut au contraire se hâter de les approfondir ; qu’ils reposent toujours sur une cause quelconque, et qu’ils ont leur source dans un instinct d’autant plus sûr, qu’il agit en nous lorsque notre esprit n’est pas encore assez troublé par la crainte, ou par la passion, pour nous ôter la rectitude de notre jugement.