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CORINNE OU L’ITALIE.


CHAPITRE II


OWALD cessa de parler pendant quelques instans ; Corinne écoutait son récit avec une telle avidité qu’elle se tut aussi dans la crainte de retarder le moment où il reprendrait la parole.

— Je serais heureux, continua-t-il, si mes rapports avec madame d’Arbigny avaient fini alors, si j’étais resté près de mon père et si je n’avais pas remis le pied sur la terre de France ! mais la fatalité, c’est-à-dire peut-être la faiblesse de mon caractère a pour jamais empoisonné ma vie, oui pour jamais, chère amie, même auprès de vous.

Je passai près d’une année en Écosse avec mon père, et notre tendresse l’un pour l’autre devint chaque jour plus intime ; je pénétrai dans le sanctuaire de cette ame céleste, et je trouvais dans l’amitié qui m’unissait à lui ces sympathies du sang dont les liens mystérieux tiennent à tout notre être ; je recevais des lettres de Raimond pleines d’affection, il me racontait les difficultés.