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CORINNE OU L’ITALIE.

rait pu conduire à une explication. Elle parlait quelquefois de son désir de quitter Florence pour aller voir Rome et Naples. Lord Nelvil ne la contredisait jamais ; seulement il demandait encore quelques jours de retard, et Lucile alors y consentait avec une expression de physionomie digne et froide.

Oswald voulut au moins que Corinne vît sa fille, et il ordonna secrètement à sa bonne de la conduire chez elle. Il alla au-devant de l’enfant comme elle revenait, et lui demanda si elle avait été contente de sa visite. Juliette lui répondit par une phrase italienne, et sa prononciation, qui ressemblait à celle de Corinne, fit tressaillir Oswald. — Qui vous a appris cela, ma fille ? dit-il. — La dame que je viens de voir, répondit-elle. — Et comment vous a-t-elle reçue ? — Elle a beaucoup pleuré en me voyant, dit Juliette, je ne sais pourquoi. Elle m’embrassait et pleurait, et cela lui faisait mal, car elle a l’air bien malade. — Et vous plaît-elle cette dame, ma fille ? continua lord Nelvil. — Beaucoup, répondit Juliette, j’y veux aller tous les jours. Elle m’a promis de m’apprendre tout ce qu’elle sait. Elle dit qu’elle veut que je ressemble à Corinne. Qu’est-ce que c’est que Corinne, mon père ? cette