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CORINNE OU L’ITALIE.

que de l’espoir ; l’enfance se mêlait en elle à la jeunesse, et la joie à l’amour. En revenant de l’autel, elle s’appuyait timidement sur le bras d’Oswald ; elle s’assurait ainsi de son protecteur. Oswald la regardait avec attendrissement ; on eût dit qu’il sentait au fond de son cœur un ennemi qui menaçait le bonheur de Lucile, et qu’il se promettait de l’en défendre.

Lady Edgermond, revenue au château, dit à son gendre : — Je suis tranquille à présent ; je vous ai confié le bonheur de Lucile : il me reste si peu de temps encore à vivre, qu’il m’est doux de me sentir si bien remplacée. — Lord Nelvil fut très-attendri par ces paroles, et réfléchit, avec autant d’émotion que d’inquiétude, aux devoirs qu’elles lui imposaient. Peu de jours s’étaient écoulés, et Lucile commençait à peine à lever ses timides regards sur son époux, et à prendre la confiance qui aurait pu lui permettre de se faire connaître à lui, lorsque des incidens malheureux vinrent troubler cette union ; elle s’était annoncée d’abord sous des auspices plus favorables.