UN jour Corinne résolut d’aller voir à Florence les
belles églises qui décorent cette ville ; elle se rappelait
qu’à Rome quelques heures passées dans
St.-Pierre calmaient toujours son ame, et elle espérait
le même secours des temples de Florence.
Pour se rendre à la ville elle traversa le bois charmant
qui est sur les bords de l’Arno : c’était une
soirée ravissante du mois de juin, l’air était embaumé
par une inconcevable abondance de roses,
et les visages de tous ceux qui se promenaient exprimaient
le bonheur. Corinne sentit un redoublement
de tristesse en se voyant exclue de cette félicité
générale que la Providence accorde à la plupart
des êtres, mais cependant elle la bénit avec
douceur de faire du bien aux hommes. — Je
suis une exception à l’ordre universel, se disait-elle,
il y a du bonheur pour tous, et cette terrible
faculté de souffrir, qui me tue, c’est une
manière de sentir particulière à moi seule. Ô
mon Dieu ! cependant, pourquoi m’avez-vous