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CORINNE OU L’ITALIE.


CHAPITRE VIII.


AVANT de quitter Londres, lord Nelvil était retourné chez son banquier, et quand il sut qu’aucune lettre de Corinne n’était arrivée, il se demanda avec amertume s’il devait sacrifier un bonheur domestique, certain et durable, à une personne qui peut-être ne se ressouvenait plus de lui. Cependant il résolut d’écrire encore en Italie, comme il l’avait déjà fait plusieurs fois depuis six semaines, pour demander à Corinne la cause de son silence, et pour lui déclarer encore que, tant qu’elle ne lui renverrait pas son anneau, il ne serait jamais l’époux d’une autre. Il fit son voyage dans des dispositions très-pénibles : il aimait Lucile presque sans la connaître, car il ne lui avait pas entendu prononcer vingt paroles ; mais il regrettait Corinne, et s’affligeait des circonstances qui les séparaient ; tour à tour le charme timide de l’une le captivait ; et il se retraçait la grâce brillante, l’éloquence sublime de l’autre. Si dans ce