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CORINNE OU L’ITALIE.

qui prenait successivement toutes les formes à ses yeux.

Il revint au salon, et il y trouva Lucile qui plaçait le dessin qu’elle venait de faire dans un petit cadre brun, en face de la table à thé de sa mère. Oswald vit ce dessin ; ce n’était qu’une rose blanche sur sa tige, mais dessinée avec une grâce parfaite. — Vous savez donc peindre, dit Oswald à Lucile. — Non, mylord, je ne sais absolument qu’imiter les fleurs, et encore les plus faciles de toutes : il n’y a pas de maître ici, et le peu que j’ai appris, je le dois à une sœur qui m’a donné des leçons. — En prononçant ces mots, elle soupira. Lord Nelvil rougit beaucoup et lui dit : — Et cette sœur qu’est-elle devenue ? — Elle ne vit plus, reprit Lucile ; mais je la regretterai toujours. — Oswald comprit que Lucile était trompée, comme le reste du monde, sur le sort de sa sœur ; mais ce mot, je la regretterai toujours, lui parut révéler un aimable caractère, et il en fut attendri. Lucile allait se retirer, s’apercevant tout à coup qu’elle était seule avec lord Nelvil, lorsque lady Edgermond entra. Elle regarda sa fille avec étonnement et sévérité tout à la fois, et lui fit signe de sortir. Ce regard avertit Oswald de ce qu’il n’avait pas remarqué,