LE soleil venait de se lever, et lord Nelvil
croyait que personne n’était encore éveillé dans
la maison. Il se trompait : Lucile dessinait
sur le balcon. Ses cheveux, qu’elle n’avait point
encore rattaches, étaient soulevés par le vent.
Elle ressemblait ainsi au songe de lord Nelvil,
et il fut un moment ému en la voyant, comme
par une apparition surnaturelle. Mais il eut
honte bientôt après d’être troublé à ce point
par une circonstance si simple. Il resta quelque
temps devant ce balcon. Il salua Lucile, mais
il ne pût être remarqué, car elle ne détournait
pas les yeux de son travail. Il continua sa promenade,
et il eût alors souhaité, plus que jamais,
de voir Corinne, pour qu’elle dissipât les impressions
vagues qu’il ne pouvait s’expliquer :
Lucile lui plaisait comme le mystère, comme
l’inconnu ; il aurait désiré que l’éclat du génie
de Corinne fit disparaître cette image légère