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CORINNE OU L’ITALIE.


CHAPITRE VI.


LE soleil venait de se lever, et lord Nelvil croyait que personne n’était encore éveillé dans la maison. Il se trompait : Lucile dessinait sur le balcon. Ses cheveux, qu’elle n’avait point encore rattaches, étaient soulevés par le vent. Elle ressemblait ainsi au songe de lord Nelvil, et il fut un moment ému en la voyant, comme par une apparition surnaturelle. Mais il eut honte bientôt après d’être troublé à ce point par une circonstance si simple. Il resta quelque temps devant ce balcon. Il salua Lucile, mais il ne pût être remarqué, car elle ne détournait pas les yeux de son travail. Il continua sa promenade, et il eût alors souhaité, plus que jamais, de voir Corinne, pour qu’elle dissipât les impressions vagues qu’il ne pouvait s’expliquer : Lucile lui plaisait comme le mystère, comme l’inconnu ; il aurait désiré que l’éclat du génie de Corinne fit disparaître cette image légère