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CORINNE OU L’ITALIE.

son époux. Oswald fut vivement touché par ce spectacle, qui lui rappelait ce qu’il avait souvent vu dans la maison paternelle. Tout le monde se mit à genoux, excepté lady Edgermond que sa maladie en empêchait, mais qui joignit les mains et baissa les yeux avec un recueillement respectable.

Lucile était à genoux à côté de sa mère, et c’était elle qui était chargée de la lecture. Ce fut d’abord un chapitre de l’Évangile, et puis une prière adaptée à la vie rurale et domestique. Cette prière était composée par lady Edgermond ; et il y avait dans les expressions une sorte de sévérité qui contrastait avec le son de voix doux et timide de sa fille qui les lisait ; mais cette sévérité même augmenta l’effet des dernières paroles que Lucile prononça en tremblant. Après avoir prié pour les domestiques de la maison, pour les parens, pour le roi, pour la patrie, il y avait : « Fais-nous aussi la grâce, ô mon Dieu, que la jeune fille de cette maison vive et meure sans que son ame ait été souillée par une seule pensée, par un seul sentiment qui ne soit pas conforme à ses devoirs ; et que sa mère, qui doit bientôt retourner près de toi, puisse obtenir le pardon de ses propres fautes au nom des vertus de son unique enfant. »