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CORINNE OU L’ITALIE.

comme moi ! mais il y a là parmi ces étoiles un amour éternel qui peut seul suffire à l’immensité de nos vœux. — Corinne resta long-temps plongée dans ses rêveries enfin elle s’achemina vers sa demeure à pas lents.

Mais avant de rentrer, elle voulut aller à Saint-Pierre pour y attendre le jour, monter sur la coupole et dire adieu de cette hauteur à la ville de Rome. En approchant de Saint-Pierre, sa première pensée fut de se représenter cet édifice comme il serait quand à son tour il deviendrait une ruine, objet de l’admiration des siècles à venir. Elle s’imagina ces colonnes à présent debout, à demi couchées sur la terre, ce portique brisé, cette voûte découverte ; mais alors même l’obélisque des Égyptiens devait encore régner sur les ruines nouvelles, ce peuple a travaillé pour l’éternité terrestre. Enfin l’aurore parut, et, du sommet de Saint-Pierre, Corinne contempla Rome jetée dans la campagne inculte comme une Oasis dans les déserts de la Libye. La dévastation l’environne, mais cette multitude de clochers, de coupoles, d’obélisques, de colonnes qui la dominent et sur lesquelles cependant Saint-Pierre s’élève encore, donnent à son aspect une beauté toute merveilleuse. Cette ville possède un charme pour ainsi dire