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CORINNE OU L’ITALIE.

ne fût le serment solennel de l’épouser ; mais elle était bien aise qu’il triomphât de lui-même et l’honorât par ce sacrifice ; et il y avait dans son ame cette plénitude de bonheur et d’amour qui ne permet pas de former un désir de plus. Oswald était bien loin de ce calme : il se sentait embrasé par les charmes de Corinne. Une fois il se jeta à ses pieds avec violence et semblait avoir perdu tout empire sur sa passion ; mais Corinne le regarda avec tant de douceur et de crainte, elle semblait tellement reconnaître son pouvoir en lui demandant de n’en pas abuser, que cette humble défense lui inspira plus de respect que toute autre.

Ils aperçurent alors dans la mer le reflet d’un flambeau qu’une main inconnue portait sur le rivage, en se rendant secrètement dans la maison voisine. — Il va voir celle qu’il aime, dit Oswald. — Oui, répondit Corinne. — Et pour moi, reprit Oswald, le bonheur de ce jour va finir. — Les regards de Corinne, élevés vers le ciel en cet instant, se remplirent de larmes. Oswald craignit de l’avoir offensée, et se prosterna devant elle pour obtenir le pardon de l’amour qui l’entraînait. — Non, lui dit Corinne, en lui tendant la main et l’invitant à s’en retourner ensemble ; non, Oswald, j’en suis assurée,