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CORINNE OU L’ITALIE.


CHAPITRE VII.


LE second mouvement d’Oswald fut de porter sa main sur sa poitrine pour y retrouver le portrait de son père : il y était encore, mais les eaux l’avaient tellement effacé, qu’il était à peine reconnaissable. Oswald, amèrement affligé de cette perte, s’écria : — Mon Dieu ! vous m’enlevez donc jusques à son image ! — Corinne pria lord Nelvil de lui permettre de rétablir ce portrait. Il y consentit, mais sans beaucoup d’espoir. Quel fut son étonnement, lorsqu’au bout de trois jours elle le rapporta non-seulement réparé, mais plus frappant de ressemblance encore qu’auparavant. — Oui, dit Oswald avec ravissement, oui, vous avez deviné ses traits et sa physionomie. C’est un miracle du ciel qui vous désigne à moi comme la compagne de mon sort, puisqu’il vous révèle le souvenir de celui qui doit à jamais disposer de moi. Corinne, continua-t-il en se jetant à ses pieds, règne à jamais sur ma vie.