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CORINNE OU L’ITALIE.

l’eau. Elle saisit cet habit avec un désespoir convulsif, croyant qu’il ne restait plus que cela d’Oswald ; et quand elle le reconnut enfin lui-même, bien qu’il parût sans vie, elle se jeta sur son corps inanimé avec une sorte de transport, et, le pressant dans ses bras avec ardeur, elle eut l’inexprimable bonheur de sentir encore les battemens du cœur d’Oswald, qui se ranimait peut-être à l’approche de Corinne. — Il vit, s’écria-t-elle, il vit ! — Et dans ce moment elle reprit une force, un courage qu’avaient à peine les simples amis d’Oswald. Elle appela tous les secours, elle-même sut les donner ; elle soutenait la tête d’Oswald évanoui ; elle le couvrait de ses larmes, et, malgré la plus cruelle agitation, elle n’oubliait rien, elle ne perdait pas un instant, et ses soins n’étaient point interrompus par sa douleur. Oswald paraissait un peu mieux. Cependant il n’avait point encore repris l’usage de ses sens, Corinne le fit transporter chez elle, et se mit à genoux à côté de lui, l’entoura des parfums qui devaient le ranimer, et l’appelait avec un accent si tendre, si passionné, que la vie devait revenir à cette voix. Oswald l’entendit, rouvrit les yeux et lui serra la main.

Se peut-il que pour jouir d’un tel moment