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CORINNE OU L’ITALIE.


CHAPITRE V.


CORINNE revint à elle, et la vue d’Oswald, qui avait dans son regard la plus touchante expression d’intérêt et d’inquiétude, lui rendit un peu de calme. Les Napolitains remarquaient avec étonnement la teinte sombre de la poésie de Corinne, ils admiraient l’harmonieuse beauté de ses vers ; mais ils auraient souhaité que ces vers fussent inspirés par une disposition moins triste : car ils ne considéraient les beaux-arts, et parmi les beaux-arts la poésie, que comme une manière de se distraire des peines de la vie, et non de creuser plus avant dans ses terribles secrets. Mais les Anglais qui avaient entendu Corinne étaient pénétrés d’admiration pour elle.

Ils étaient ravis de voir ainsi les sentimens mélancoliques exprimés avec l’imagination italienne. Cette belle Corinne dont les traits animés et le regard plein de vie étaient destinés à peindre le bonheur, cette fille du soleil, atteinte par des peines secrètes, ressemblait à ces fleurs