d’Oswald, et sentait ses forces revenir en s’appuyant sur lui. Ils s’approchèrent tous les deux d’un balcon ; et Corinne, vivement émue, dit à son ami : — Cher Oswald, je vais vous quitter pour huit jours. — Que dites-vous, interrompit-il ? — Tous les ans, reprit-elle, à l’approche de la semaine sainte, je vais passer quelque temps dans un couvent de religieuses pour me préparer à la solennité de Pâque. — Oswald n’opposa rien à ce dessein ; il savait qu’à cette époque la plupart des dames romaines se livrent aux pratiques les plus sévères, sans pour cela s’occuper très-sérieusement de religion le reste de l’année ; mais il se rappela que Corinne professait un culte différent du sien, et qu’ils ne pouvaient prier ensemble. — Que n’êtes-vous, s’écria-t-il, de la même religion, du même pays que moi ! — Et puis, il s’arrêta après avoir prononcé ce vœu. — Notre ame et notre esprit n’ont-ils pas la même patrie, répondit Corinne ? — C’est vrai, répondit Oswald ; mais je n’en sens pas moins avec douleur tout ce qui nous sépare. — Et cette absence de huit jours lui serrait tellement le cœur, que les amis de Corinne étant venus la rejoindre, il ne prononça plus un seul mot de toute la soirée.
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CORINNE OU L’ITALIE