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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇOISE

CHAPITRE VI.

Des plans de M. Necker en administration.


LE ministre des finances avant la révolution, n’étoit pas seulement chargé du trésor public, ses devoirs ne se bornoient pas à mettre de niveau la recette et la dépense ; toute l’administration du royaume étoit encore dans son département ; et, sous ce rapport, le bien-être de la nation entière ressortissoit au contrôleur général. Plusieurs branches de l’administration étoient singulièrement négligées. Le principe du pouvoir absolu se combinoit, avec des obstacles sans cesse renaissans dans l’application de ce pouvoir. Il y avoit partout des traditions historiques dont les provinces vouloient faire des droits, et que l’autorité royale n’admettoit que comme des usages. De là vient que l’art de gouverner étoit une espèce d’escamotage, dans lequel on tâchoit d’extorquer de la nation le plus possible pour enrichir le roi, comme si la nation et le roi devoient être considérés comme des adversaires.

Les dépenses du trône et de l’armée étoient