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CONSIDÉRATIONS

CHAPITRE IV.

Du caractére de M. Necker comme homme public.

M. Necker, citoyen de la république de Genève, avoit cultivé dès son enfance la littérature avec beaucoup de soin ; et lorsqu’il fut appelé par sa situation à se vouer aux affaires de commerce et de finances, son premier goût pour les lettres mêla toujours des sentimens élevés et des considérations philosophiques aux intérêts positifs de la vie. Madame Necker, qui étoit certainement une des femmes les plus instruites de son temps, réunissoit constamment chez elle tout ce que le dix-huitième siècle, si fécond en hommes distingués, pouvoit offrir alors de talens illustres. Mais l’extrême sévérité de ses principes la rendit inaccessible à toute doctrine contraire à la religion éclairée dans laquelle elle avoit eu le bonheur de naître. Ceux, qui l’ont connue attestent qu’elle a traversé toutes les opinions et toutes les passions de son temps, sans cesser d’être une chrétienne protestante, aussi éloignée de l’impiété que de